Le 11 septembre 2011 vu par Bertrand Delanoë / Catalogues
Il y a dix ans, nous changions de siècle. Chacun de ceux qui ont vécu ce mardi 11 septembre 2001 se rappelle l'effroi, la stupéfaction, et l'immense compassion qu'il éprouvait alors. Aucun de ces sentiments ne s'est dissipé depuis. Pour le peuple de New York et des Etats-Unis, pour tous ceux qui ont été frappés dans leur chair, dans leur vie, nous avons dix ans après, la même immense solidarité. Et pour tous les héros de ce jour tragique, en particulier pour les pompiers new-yorkais, la même humble gratitude.
Ce que les terroristes voulaient tuer, ce n'était ni plus ni moins que la liberté. Leur cible, c'était un art de vivre, une certaine idée de l'humanité, et ils n'ont pas tué au nom d'une cause mais au nom d'une haine. La guerre qu'ils ont déclarée le 11 septembre 2001 n'était pas celle « des civilisations » entre elles, mais celle de la barbarie contre toutes les civilisations. Cette idéologie de la mort, qui met le suicide au service du meurtre, entendait anéantir, et d'abord terroriser, les sociétés libres.
Ont-ils gagné ? Non. Dix ans après, où en sommes-nous ? Ben Laden est mort. Le monde arabe a mis, dans l'ardeur de ses printemps, un terme au face à face mortifère de la dictature et de l'intégrisme. Et les démocraties demeurent debout, fières de leurs valeurs plus durables que la haine. Les Etats-Unis, trop longtemps entraînés dans la tentation de l'affolement et de la vengeance, ont changé de logique. Leur nouveau président, attentif à la multiplicité du monde, désarme les haines en refusant de se placer sur leur terrain stérile.
Les terroristes n'ont pas réussi à terroriser les hommes libres. Ils n'ont pas empêché que le goût de la liberté puisse éclore même chez des peuples qui l'ignoraient. Ils n'ont- finalement- pas entraîné le monde dans leur passion du néant. Le piège qu'ils croyaient tendre s'est d'abord refermé sur eux.
Mais tout reste à faire. Ce 11 septembre 2011 se place sous le signe de la mémoire, bien sûr, de la fidélité, de la solidarité- mais aussi de la vigilance la plus alertée. Car rien n'est jamais acquis, et le combat de la décennie qui s'ouvre aura un nom : l'universalité des droits de l'Homme. Car tant qu'une partie de l'humanité jouira de droits dont une autre demeurera privée, les sources de la guerre totale, de la haine, de la mort, ne seront jamais taries. Prenons en conscience, pour l'honneur et la mémoire des victimes innocentes du plus grand attentat de tous les temps.