Bouvet Guyane 2012 : top départ ! / Catalogues
Comme prévu les 23 rameurs solitaires ont franchi le matin du 29 janvier 2012 à 10 H TU (heure locale) la ligne de départ de la troisième édition de la Bouvet Guyane. Le temps était idéal avec un soleil légèrement voilé, une mer calme et un vent modéré de NE. « On a eu une chance insolente avec la météo », lâchait avec un immense soulagement Michel Horeau, co-organisateur de l'épreuve. Retour sur une journée historique pour l'aviron océanique.
07H30'. Le jour vient de se lever sur Dakar. Un car quitte l'Hôtel N'Gor avec à son bord des skippers au visage tendu. Direction l'anse Bernard où les canots paressent à leurs mouillages. Les navigateurs sont emmenés à bord par des navettes locales. Après d'ultimes rangements, les marins se mettent en tenue de « travail » : casquette saharienne, lunettes de soleil, t-shirt manches longues et gants.
09H54'.Depuis l'Etoile Magique, le grand catamaran qui accompagne la course, Michel Horeau lance la procédure de départ en VHF. Tous les canots évoluent au nord de la ligne tendue entre deux bouées à proximité de la plage. Tous, sauf trois dont les skippers redoublent d'ardeur pour revenir face au vent du bon côté afin de ne pas encourir une pénalité comme le veut le règlement.
10H. C'est parti. D'entrée de jeu, il est clair que bon nombre de concurrents sont venus sur la Bouvet Guyane avec des ambitions de résultat. Les canots partent en rangs serrés comme pour une régate d'aviron en rivière. C'est un bon départ emmené par Christophe Letendre galvanisé par son fan club de chez Bouvet venu tout exprès de France pour encourager «leur » skipper. Seul Rémi Dupont se prend l'étrave dans la bouée de bout de ligne et perd un temps précieux tout comme le guyanais Jean-Emmanuel Alein qui fait l'extérieur de la ligne et doit revenir la passer correctement. Ce qui prend toujours trop de temps quand le canot lourd d'une tonne est propulsé par une seule paire d'aviron. Un peu plus tard deux canots se touchent, ceux d'Eric lainé et Pascal Vaudé' Sans conséquence. Il faut dire qu'il y a du monde sur l'eau et les rameurs tournent le dos à leur étrave. Ils ne voient pas ce qui se passe devant.
10H15'. Jean-Jacques Gauthier, champion d'aviron, prend sans surprise la tête de la flotte, comme il l'a fait lors du prologue à Brest. Ce grand gabarit conduit ses avirons avec une infinie douceur et une redoutable efficacité. Dans son sillage évoluent Guillaume Bodin, excellemment parti lui aussi, Christophe Letendre, Pierre Mastalski et plus loin au vent Jean-Christophe Lagrange, le « voileux » de La Transat. Ils passent dans cet ordre le Cap Manuel. A bord du bateau à passagers où sont rassemblés deux cent spectateurs, le GPS indique une vitesse de 3 nds : « C'est énorme» lance Jean-Luc Torre, concurrent de la précédente édition. Patrick Bouvet, partenaire de la course, n'est pas étonné : « la course se professionnalise dans le sens où les concurrents sont mieux entraînés et préparés que la dernière fois. Ça va aller plus vite ». On dit même que le premier pourrait atteindre la Guyane en 35 jours. Tout dépend de la météo !
11 H. Les écarts se creusent entre les premiers et les derniers et des groupes se forment avec des exceptions. Comme Benoît Souliès, encore un grand gabarit joueur de rugby de niveau national à Toulouse, qui emprunte une route le faisant passer au nord de l'île de la Madeleine. La tendance partagée par les leaders était de forcer sur les avirons les premiers jours pour tenir cap à l'Ouest. Benoît est de ceux-là et plus encore. En milieu de la flotte, on apprend que Rémi Dupont s'est fait aborder par un pêcheur mais sans dommage et qu'Eric Lainé aurait cassé la planchette de son cale-pied en tirant un peu trop fort sur les avirons. Dans l'immédiat cela ne l'empêchait pas de caracoler dans le peloton de tête, mais il lui faudra trouver une solution pour remettre en état cet équipement indispensable à la tâche.
12 H. Le vétéran, Didier Lemoine, ferme la marche à proximité d'Henri-Georges Hidair dit « Le Sénateur ». La flotte s'étale sur un bon mille. En se retournant il ne verra même plus les canots de tête tellement ces embarcations sont basses sur l'eau. Le soleil a percé les nuages et le vent a un peu molli. « En fin de journée, confie Jean-Luc Torre, ils auront perdu la côte de vue. Et là ce sera effectivement parti ». Pourtant les solitaires ne seront pas encore complètement seuls sur mer. Il y a les petits bateaux de pêche peu ou pas éclairés la nuit et puis les cargos tant redoutés un peu plus au large. La première nuit va se passer aux avirons pour beaucoup. Prudence, la route est longue, très longue.
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