Pierre et Christiane Burguière / Catalogues
Pierre et Christiane Burguière, bien qu'Aveyronnais de souche, ne sont pas originaire du plateau. La famille Burguière s'est installée en 1952 sur le Larzac lorsque le père, Léon, cherchant à agrandir son exploitation et à se consacrer au mouton entendit parler d'une ferme quasiment à l'abandon. 'C'est la plus grande et la plus mauvaise ferme du pays', lui dit-on. Les terres étaient envahies de friches et hérissées de cailloux. 'Cette ferme refleurira ou j'y perdrai mon nom', répond-il. C'est la ferme de l'Hôpital, qui pendant toute la lutte servira de centre de ralliement, de lieu de réunion, de point de départ des manifs. Le père Léon prend sa retraite en 70 lorsque éclate le conflit.
La ferme est alors une des plus riches du plateau, menée de façon 'moderne' comme une entreprise par ses deux fils, Pierre et Jean-Marie, mariés à deux soeurs. Eux aussi se réclament du christianisme, ils ont été formés par la Jeunesse Agricole Catholique et sont conservateurs. Ils ont vécu mai 68 avec le fusil chargé sur l'armoire, horrifiés par les images d'émeutes de la télé, et par les infos qu'ils écoutent 'comme parole d'évangile', attendant de pied ferme les chevelus qui allaient venir les piller. Ils avouent avoir ouvert les yeux sur le monde grâce à tous ceux qui sont venus les soutenir pendant la lutte. Pourtant, dès l'annonce de Michel Debré, ils se lancent à la suite du père, corps et âme dans la révolte et en deviendront les principaux animateurs, s'ouvrant peu à peu à la non-violence puis à bien d'autres prises de conscience. Pierre a le visage rond et jovial, l'accent doux et chantant, et il parle juste. Sa femme Christiane, plus réservée, mais non moins déterminée, tenait une chronique régulière dans le journal 'Gardarem Lo larzac', auquel elle collabore encore aujourd'hui, et elle revendique fortement le côté familial de la lutte.