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Thomas Coville - Sur une ou plusieurs coques - Catalogues / Foxoo
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Source : #6201 Publié le 21/07/11 | Vues : 53

Thomas Coville - Sur une ou plusieurs coques / Catalogues


Le skipper de Sodebo, embarqué dans l'aventure de Groupama 4 à l'occasion de la Volvo Ocean Race, va profiter de la pause estivale du team pour partir en vacances. Depuis quelques mois, Tom partage son temps entre la mise au point du VOR 70 à Lorient et son équipe Sodebo basée à Saint-Philibert près de la Trinité sur Mer où le trimaran est en chantier jusqu'à mi-août 2011. Le soir de ses vacances, le skipper revient sur ses semaines passées dans l'équipe de Franck Cammas. Il nous parle aussi de Francis Joyon en stand-by à New York pour s'attaquer au record de Sodebo sur l'Atlantique Nord et de l'évolution de l'America's Cup qui est aujourd'hui "accro" au multicoque.



Voici presque trois mois que tu as pris tes fonctions dans le Groupama sailing team. Tu vis une expérience collective à bord d'un monocoque répondant à une jauge restrictive et destiné à un parcours imposé, tout cela semble bien éloigné de la liberté des records en solitaire ?

"Ces deux projets s'avèrent effectivement très différents mais complémentaires. C'est une manière pour moi de montrer que je reste éclectique et que je ne m'enferme pas dans des certitudes. Je suis curieux, passionné, ouvert et prêt à me remettre en cause tous les jours et sur tout. D'autant plus sur le poste que j'ai accepté avec Franck où, en plus de mon rôle de chef de quart, je gère des sujets techniques complexes (hydraulique, quille, motorisation). En fait, je voulais m'engager sur quelque chose de difficile et j'ai choisi le projet le plus difficile que l'on m'ait proposé, celui qui me demandait une fois de plus de remettre tout sur la table. J'aime cette démarche de pionnier où rien n'est acquis. Cela me nourrit. Là où certains y verraient une fuite, je vis cela comme une construction. Je suis un solitaire qui a besoin des autres."

* Qu'est ce que l'amoureux des classes Open et du solo en multicoque apporte à l'équipe de Franck Cammas ?
"Je pense apporter une fraîcheur parce que je viens d'arriver ainsi qu'un regard extérieur sur des choix techniques, humains ou stratégiques. Sur l'eau, j'ai une vision sur la globalité du parcours, et pas seulement sur certains tronçons, ce qui aide sur des options à prendre aujourd'hui. Au quotidien, comme je suis l'un des plus anciens, je peux aussi donner ce tempo qu'il faut avoir pour tenir dans la durée et aller au bout. Enfin, comme je ne me sens pas si vieux que ça et que je n'ai pas l'appréhension de la vitesse, je sais aussi lâcher les chiens !"

* On parle des multicoques comme des bateaux humides et éprouvants mais les VOR 70 sont pas mal dans leur genre ?
"Alors là oui ! Même quand tu viens du multi ça n'a rien à voir. Tu es encore plus exposé à bord des VOR. C'est beaucoup plus physique et c'est tout le temps ! Le plaisir vient de ce que tu construis en groupe : de la belle manoeuvre, de la complémentarité, du respect, de la confiance. L'émulation doit pouvoir s'installer au fil des milles qui passent. Je suis persuadé qu'en voile en général, tu ne peux accéder au plaisir ultime que si tu es passé avant par toutes les étapes techniques. Au bout du compte, le plaisir est lié à la performance."

* Que retiens-tu de la qualification réalisée en juin avec ces premiers 2000 milles au large effectués en moins de six jours ?
"Nous avons exposé le bateau et nous nous sommes exposés dans des conditions météo très variées. Nous avons eu du vent très mou au départ jusqu'à du vent fort pour rentrer à Lorient. Techniquement, nous avons trouvé en mer les réponses aux questions qui se posaient au fur et à mesure dans cette première confrontation aux éléments. Nous avons vu le niveau de confiance que nous sommes prêts à nous accorder. Le ciment de ce qui va déboucher sur ce que nous vivrons en course commence à prendre."

* L'équipage mêle des marins issus de la "culture Volvo" et de la course au large à la française, comment la synergie s'installe-t-elle ?
"L'alchimie osée par Franck est en train de réussir même si ce n'est jamais gagné d'avance. Le bateau impose son rythme, avec une certaine force et virilité, cela ne permet pas trop de round d'observation, soit ça tient, soit ça casse et nous sommes entrés dans une vraie envie de progresser ensemble. Nous sommes dans une philosophie plus anglo-saxonne que française où nous acceptons de nous dire les choses directement, même dans l'évaluation des uns et des autres, on accepte la réalité du terrain et une fois qu'on a déterminé des carences, on met en face des solutions pour y pallier."

* Dans le monde des grands multicoques, Idec, le trimaran de Francis Joyon est actuellement en stand by à New York pour s'attaquer au record que tu as établi en 2008 avec Sodebo sur la traversée de l'Atlantique Nord en solitaire (5j19h29'20'' le 15/07/2008), comment regardes-tu cela ?
"C'est super, cela signfie que nous sommes dans la même démarche : de nous attaquer à des choses difficiles. Les records sont faits pour tomber. Plus c'est engagé, plus le piquant de la compétition est intéressant. Je souhaite que Francis trouve une bonne fenêtre pour faire une tentative. Plus il ira chercher des records et plus cela me donnera envie d'y retourner avec au final toujours cette envie de décrocher ce chrono autour du monde ! J'aimerais d'ailleurs un jour chasser les records en duel avec lui, sur l'Atlantique ou la Méditerranée, voire même autour du monde. C'est plus compliqué mais, là, on commencerait à toucher vraiment l'ultime de la voile en solitaire."

* A Cascais (Portugal), les catamarans AC45 à aile rigide vont régater début août et deux équipes françaises (Energy Team des frères Peyron et Team Aleph avec Bertrand Pacé et Alain Gautier) y seront. Quel regard portes-tu sur l'America's Cup actuellement ?
"Le monde anglo-saxon a désormais goûté à la vitesse et aux sensations du multi qui a toujours été ma référence. Cela a mis du temps pour qu'ils y viennent mais ensuite je n'ai pas été surpris de les voir devenir vite plus performants que les Français. Ils ont une démarche, comme celle que j'observe aujourd'hui chez Groupama, très cartésienne et objective dans la performance qui permet d'accéder très rapidement à des solutions techniques. Ils ont une relation avec la compétition qui les fait progresser très vite là où nous Français, nous voyons ' et heureusement parfois ' encore la voile comme une aventure, un mode de vie. Le circuit que propose l'America's Cup est fantastique. C'est dans la même démarche que les 49ers ou les Moth, des bateaux très aériens. Il faut suivre aussi l'olympisme qui ouvre à nouveau des Jeux aux catamarans. Je suis à fond pour cela car c'est un moyen pour que notre sport touche un public plus jeune. On traine encore du plomb sur la Volvo mais, de mon point de vue, elle aurait tout intérêt à rejoindre cette mouvance du multicoque."

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