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Vincent Delerm en Concert au Théâtre d'Orléans 2020 - Catalogues / Foxoo
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Vincent Delerm en Concert au Théâtre d'Orléans 2020 / Catalogues

Evènement passé.

Le mardi 21 avril 2020 à Orléans (45).

Il s'apprête aujourd'hui à dévoiler Je ne sais pas si c'est tout le monde, un premier film en liaison avec son septième et futur album de chansons à paraître en octobre.

Vue de loin, telle profusion pourrait passer pour une dispersion coupable, de la part d'un chanteur incapable de rester sagement dans son couloir. D'un peu plus près, pour ceux qui suivent pas à pas cet itinéraire unique dans le paysage français, tout s'éclaire au contraire, tout s'imbrique et se répond, comme un grand kaléidoscope dont chaque facette, en reflet d'une autre, donnerait du sens à la troisième, et ainsi de suite. Grand amateur de sport(s), Delerm aurait sans doute fait un brillant pentathlonien, tant chez lui les différentes disciplines sont abordées comme les moyens arborescents d'aller toujours vers le même but.

Comme le prétendait François Truffaut, un de ses maîtres, « la vie a beaucoup plus d'imagination que nous. » Alors Vincent observe la vie, la sienne, celle des autres, anonymes ou célèbres, la vie des êtres et celle des paysages ou des objets, les vies ordinaires et extraordinaires, la vie d'avant et la vie devant soi, la vie des villes et même celle des vipères (du Gabon). Il en irrigue des chansons, des images, des diaporamas, de la pellicule et stimule en retour chez tous ceux qui l'écoutent ou viennent le voir une même envie de s'imaginer en héros de leur propre vie. Truffaut encore : « Je fais des films pour réaliser mes rêves d'adolescent, pour me faire du bien et, si possible, faire du bien aux autres. » Il suffit de se rendre à un concert de Delerm pour se rendre compte à quel point le plaisir est partagé de part et d'autre de la scène, à travers une communion complice qui n'a jamais faiblie depuis dix-sept ans.

A l'origine, c'était un simple album de chansons, avec toutefois un indice sur la pochette, ces bandes de pellicule qui bordaient l'image du chanteur. Vincent, à l'adolescence, rêvait sans doute comme François de devenir cinéaste. La normalité provinciale, la banlieue de Rouen, l'embarcation légère que constitue l'art de chanter, seul au piano, l'auront fait bifurquer vers ces petits films sonores que sont les chansons. La légèreté inspirée de celles de Trenet ou de Souchon, la gravité parfois comme chez Barbara, le choc thermique entre des histoires marrantes et d'autres poignantes, ont fini par faire un style. Une chambre à soi dans la grande Tower of songs imaginée par Leonard Cohen, un autre héros, et dont le succès immédiat a consolidé les murs en même temps qu'il en fragilisait l'armure de son occupant. Devenu connu, Delerm a en effet souvent fait les frais de malentendus, comparé à des chansonniers qui n'avaient ni sa profondeur, ni sa hauteur, encore moins son endurance.

Au fil des albums, la proposition musicale, littéraire, visuelle, scénique, sonore, s'est étoffée. Vincent Delerm s'est bousculé lui-même, il a imaginé des dispositifs d'enregistrement (des orchestrations british de Kensingston Square aux pianos préparés des Amants parallèles) et des scénographies qui remettaient toujours en question cet artisanat fébrile qu'est l'écriture et l'interprétation d'une chanson. Ses « pas de côté », la pièce de théâtre Le Fait d'habiter Bagnolet, le spectacle Memory, les photographies de lieux ou d'autres artistes, les petits films qui, déjà, accompagnaient ses concerts, étaient autant de faux détours pour, encore et encore, tisser ce récit des choses vitales ou futiles, ce roman musical contemporain des détails imperceptibles et des grands desseins. Au détour de ses chansons, on croise aussi bien Modiano et Platini, The Divine Comedy et Martin Parr, la gare de Milan et le Shea Stadium, des filles du collège et d'anciens raveurs devenus pères de famille. L'inventaire du temps qui passe mais qui n'est jamais perdu, la nostalgie non calcifiée par les regrets, les fragments de l'histoire pop et des discours amoureux de l'ère moderne, une autobiographie pointilliste croisant des portraits d'époques et des lieux jamais communs, tel est l'art ultrasensible et ultra-extensible de Vincent Delerm. Qu'il se décline sur du ragtime ou façon Chamber pop, à nu ou habillé de cordes, minimaliste au piano ou emporté par des cascades d'instruments, solitaire à la Sheller ou enrobé comme du François de Roubaix, seul enchanteur ou en duo (Irène Jacob, Peter Von Poehl, Neil Hannon, Benjamin Biolay'), il se reconnait et se distingue parmi tous les autres, ici ou ailleurs. Truffaut, toujours lui : « Il faut faire des petites choses comme si elles étaient grandes. » Les grandes petites choses de Vincent Delerm n'ont pas fini d'éblouir.
Enregistrement : https://cheyenne.trium.fr/index.php/6/manifestation/19340

Théâtre d'Orléans

boulevard pierre ségelle 45000 orléans
Débute à 20H30




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